
Renforcer les communautés, protéger des vies
Entre novembre 2024 et avril 2025, le Bureau régional de la Fédération internationale pour la planification familiale dans le monde arabe (IPPF AWRO), en étroite collaboration avec SALAMA, l’association membre de l’IPPF au Liban, a dirigé une réponse d’urgence cruciale pour répondre aux besoins pressants des personnes LGBTIQ+ et des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Mis en œuvre par une organisation locale dévouée, ce projet est devenu une bouée de sauvetage essentielle pendant l’une des périodes les plus difficiles que le Liban ait connues ces dernières années.
La guerre a provoqué destruction et peur à grande échelle, mais pour les personnes LGBTIQ+ et les PVVIH, les dangers ont dépassé les bombes et les déplacements. Déjà marginalisées et stigmatisées, ces communautés ont été confrontées à des couches supplémentaires de discrimination et de rejet. Beaucoup se sont vues refuser l’accès à des abris, des soins médicaux, ou l’aide humanitaire, simplement à cause de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur statut sérologique. L’étude “Voix Invisibles” a révélé des réalités poignantes : 72 % des répondant·e·s ont déclaré avoir retardé ou été privé·e·s de soins médicaux par crainte de discrimination ; 67 % se sont vu refuser un abri ; et 81 % ont signalé une détresse psychologique accrue due à l’isolement et à la stigmatisation.
Dans ce contexte de vulnérabilités multiples, l’intervention menée par IPPF AWRO et SALAMA n’était pas simplement utile – elle était indispensable. Elle a fourni un soutien médical, psychologique et psychosocial essentiel, adapté aux besoins spécifiques des personnes LGBTIQ+ et des PVVIH, veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte.
Combler les lacunes critiques en matière de soins
Grâce à ce partenariat, 695 personnes ont pu accéder à des services vitaux. Les équipes médicales ont soutenu 368 personnes via des traitements contre le VIH, des thérapies hormonales pour les personnes transgenres, et des consultations générales. Notamment, 42 PVVIH exclues des centres du programme national de lutte contre le sida ont reçu leur traitement antirétroviral (ART) grâce à des modèles de distribution alternatifs, garantissant leur santé dans des circonstances exceptionnelles.
La santé mentale fut un pilier fondamental de la réponse :
- 376 séances de soutien psychologique et 53 consultations psychiatriques ont été menées ;
- 21 sessions psychosociales et de sensibilisation ont touché 315 participant·e·s, abordant la prévention des IST, la littératie en santé mentale et le développement de la résilience.
Renforcement des capacités pour un impact durable
Pour assurer la durabilité, 22 membres du personnel et stagiaires ont reçu une formation aux premiers secours en santé mentale, renforçant la capacité de l’organisation locale à répondre efficacement aux traumatismes et aux situations de crise. Cet investissement garantit la continuité de soins affirmant les identités et sensibles aux traumatismes, bien au-delà de l’urgence immédiate.
Ce qui manquait : un appel à l’action
Si l’intervention a atteint ses objectifs immédiats, l’étude “Voix Invisibles” a mis en lumière des lacunes structurelles qui doivent être comblées pour garantir le bien-être des communautés LGBTIQ+ lors de futures crises :
- Abris sûrs : Plus des deux tiers des répondant·e·s ont exprimé une peur d’être rejeté·e·s ou ont effectivement été refusé·e·s dans les centres d’hébergement, soulignant la nécessité urgente d’espaces inclusifs et sécurisants.
- Soins en santé mentale continus : Les participant·e·s ont souligné que le traumatisme et l’anxiété perdurent au-delà de la crise ; l’accès continu à des soins de santé mentale est essentiel à la guérison sur le long terme.
- Changement structurel : L’étude a confirmé que l’exclusion est systémique ; les acteurs humanitaires doivent intégrer l’inclusion des personnes LGBTIQ+ dans tous les cadres d’intervention pour garantir la protection et l’accès égal pour tou·te·s.
Comme l’a partagé un·e participant·e : « J’étais terrifié·e par les bombes, mais encore plus par l’idée qu’on me refuse de l’aide à cause de qui je suis. »
Regarder vers l’avenir : vers un cadre humanitaire plus inclusif
Cette initiative, portée par le leadership de l’IPPF AWRO et l’expertise médicale de SALAMA, a démontré l’impact profond d’une action humanitaire inclusive. Elle a non seulement fourni des services essentiels, mais elle a aussi mis en lumière l’urgence de repenser la manière dont l’aide humanitaire est fournie aux communautés marginalisées. Les futures interventions doivent accorder la priorité aux abris sûrs, au soutien psychosocial durable et aux réformes politiques garantissant la dignité et la protection pour tou·te·s.
La collaboration entre IPPF AWRO, SALAMA et les acteurs locaux représente un modèle d’intervention inclusive, prouvant que la solidarité et l’inclusion intentionnelle sont essentielles pour construire un avenir juste et équitable.